Question de goût ou de limitations?

Quand je lis en anglais ou en allemand, je suis sûre de mon goût. Mon nord ‘littéraire’ s’est établi, il y a une éternité.

Pendant ma jeunesse en Allemagne dans les années soixante, j’ai développé un goût prescrit et sévère qui ne m’a quitté jamais, c’est-à-dire, pas complètement. Camus, Sagan, Sartre et quelque pages de Beauvoir étaient de rigueur (en allemand, bien sure) et tous – à part de SdB – sont devant moi maintenant, aujourd’hui en français. Sdb n’est pas représentée, parce que je n’ai pas encore trouvé ses œuvres chez les bouquinistes en Angleterre. Les autres sont bien faciles à dégoter. Parmi les auteurs contemporains que j’aime lire sont Nothomb, Gavalda, E.E. Schmitt, Rozier, Orsenna et Brassignac. Je trouve Houellebecq vraiment difficile.

Je me rends compte désormais quand il s’agit des langues dans lesquelles mon vocabulaire et connaissances sont limités, ce soi-disant nord fluctue au fur et à mesure avec l’étrangeté de la langue que j’apprends et le niveau de ma lecture se baisse en étroite corrélation. Mon goût se tasse. C’est un peu comme chez le dentiste où on dévore toutes les revues qu’on n’achèterait jamais, même en vacances.

En français et espagnol – par exemple - je me permets les livres de Michael Connelly, de Coelho et de Dan Brown. Sont-ils une rocade pour échapper les exigences du goût? Quand je veux me sentir chez le dentiste, même ceux de Danielle Steele sont permis ; mais ça, c’est un secret. En russe l’emballage d’un produit suffit pour me divertir.

Je pense qu’on est tous un peu comme ça, il est plus facile de trouver intéressant un livre que l’on lit dans une langue étrangère. Car l’intérêt dans ce cas n’est pas seulement l’histoire mais aussi et surtout la découverte de nouveaux mots, de nouvelles expressions.

Ceci dit même en anglais j’ai du mal avec Dan Brown… Peut-être parce que je lis beaucoup et qu’à force mon “nord littéraire” s’est établi aussi en anglais. En espagnol, portugais ou italien j’ai du mal à accrocher également si l’histoire n’est pas intéressante. C’est sans doute parce que ces langues sont proches du français et sont donc moins intéressantes à étudier, même si je les adore (enfin surtout le portugais). En arabe un emballage me suffit aussi. :wink: